L'actualité de la crise: un système qui marche totalement en crabe, par François Leclerc

Billet invité.

UN SYSTEME QUI MARCHE TOTALEMENT EN CRABE

Donald Kohn, vice président de la Fed, a sonné l’alarme vendredi à l’occasion d’une conférence organisée par l’agence gouvernementale FDIC, à Arlington (Virginie). « Emprunter à court terme et prêter à long terme est une stratégie risquée par nature », s’est-il soudainement rappelé, en tirant comme leçon de cette constatation que ceux qui développent ce business (les banques) « doivent être certains que, la relance économique apparaissant, ils ne risquent pas d’être coincés par la hausse des taux d’intérêt … ». Se contentant de mentionner, comme cause de celle-ci, le moment où la Fed modifiera sa politique de très bas taux d’intérêt, ce dont il n’est pas question dans l’immédiat. Nous amenant à nous interroger sur les raisons de l’opportunité de son intervention; sur ce qui pourrait, selon ses propres termes, amener les banques à naviguer dans des « eaux inexplorées » et donc périlleuses.

Paul Tucker, numéro 2 de la Banque d’Angleterre, a également évoqué cette inconnue devant les parlementaires britanniques, la semaine dernière, mais il a été plus explicite. Il s’exprimait dans le contexte de la réunion de la semaine à venir du comité de politique monétaire de la banque centrale britannique – qui pratique le très bas taux de 0,5% – qui va devoir décider ou non de prolonger et d’étendre son programme d’achat des obligations d’Etat (les gilts). Tandis que les milieux d’affaires, craignant un redémarrage de l’inflation, préconisent l’arrêt de ce programme. Prélude, dans un second temps, à l’augmentation des taux de la BoE.

Les craintes qui s’expriment à propos de la capacité des banques à supporter une future hausse des taux sont suffisamment importantes pour avoir fait l’objet d’une réunion à la Banque des règlements internationaux, a révélé Paul Tucker. Un autre facteur poussant à la hausse des taux, sur le marché obligataire cette fois-ci, aurait été pris en compte. Dans l’immédiat celui de la crise grecque, et à terme les effets de la campagne qui s’exerce sur les gouvernements pour qu’ils entament la réduction de leurs dettes. Pouvant aboutir à un surenchérissement général des taux du marché, celui-là même sur lequel les banques seront appelées à lever des capitaux, une fois fermés les robinets à liquidités des banques centrales.

La réunion de la BCE de cette semaine devrait également confirmer, en maintenant ses taux inchangés, que les banques centrales ne sont pas en mesure d’arrêter leurs programmes de soutien aux établissements financiers, craignant qu’ils soient alors exposés et vulnérables à des taux qui ne peuvent que se tendre sur les marchés. La poursuite de la hausse des taux qui se profile n’en resterait pas moins problématique pour les banques, celles-ci ayant d’énormes besoins de refinancement et risquant d’être prises en ciseaux entre les taux qui leur seraient appliqués et ceux qu’elles ont consentis.

Il ne faut donc pas chercher plus loin les raisons de la campagne menée avec virulence à propos des déficits publics. Les banques cherchent ainsi à limiter l’inexorable montée des taux que la progression de la dette susciterait, dont elles feraient les frais. Dans l’immédiat, elles aboutissent à l’effet contraire. Il est donc impératif, pour elles, que les gouvernements présentent sans tarder la note à leurs administrés.

Comme si cette dépendance des banques aux liquidités des banques centrales n’était pas déjà assez significative de la situation hors normes que nous connaissons, illustrant le fait que la machine financière est cassée et n’est pas prête d’être réparée, une autre singularité de celle-ci démontre que nous ne sommes pas en passe de connaître un retour à la normalité. Il est particulièrement flagrant aux Etats-Unis que la relance économique est étroitement dépendante, elle aussi, des plans de relance publics. Le marché immobilier y est totalement tenu à bout de bras par la Fed et par un programme fédéral de prime à l’achat. Les dispositifs de soutien se multiplient, les derniers en date en faveur des petites et moyennes entreprises (pour aider l’emploi), et bientôt des Etats et collectivités locales, pour lesquels le programme intitulé « Build America Bonds » va devenir permanent (l’Etat fédéral prenant en charge environ un tiers des intérêts des emprunteurs). Non seulement la reprise n’est donc pas à mettre au crédit du secteur privé (si l’on exclut l’industrie financière et le secteur pharmaceutique), mais l’Etat est dans la nécessité de bricoler des programmes de soutien financier, ne pouvant plus afficher un nouveau plan global de relance puisqu’il lui est enjoint de réduire son déficit.

Cette situation va être difficilement tenable, exprimant une contradiction d’intérêt montante entre les besoins respectifs du secteur financier et de l’économie. L’Etat est sollicité de tous côtés et sommé en même temps de réduire ses dépenses.

Un projet hors norme se présente cependant, qui pourrait théoriquement offrir une porte de sortie, loin d’être aujourd’hui ne serait-ce qu’entrouverte. Dominique Strauss-Kahn vient en effet d’annoncer à Davos un projet très novateur, s’il est adopté. Il s’agit de la création d’un « fonds vert », destiné à financer la lutte contre les changements climatiques, qui est en cours d’étude. Ce fonds pourrait être doté jusqu’à hauteur de 100 milliards de dollars par an, financé par la distribution de DTS (droits de tirages spéciaux), cet instrument financier dont dispose le FMI. Car celui-ci a depuis sa création comme prérogative de pouvoir créer cette monnaie, uniquement destinée à l’usage des Etats, qui repose sur un panier de devises. Cette annonce intervient aux lendemains de l’échec de la Conférence de Copenhague, à propos de l’aide financière que les pays développés devaient accorder aux pays qui le sont moins, dans le contexte des difficultés budgétaires des premiers, en raison de la crise actuelle. Des consultations seraient prochainement engagées entre le FMI, les banques centrales et les gouvernements.

S’il était permis au FMI de mettre en marche cette mécanique, une boîte de Pandore serait ouverte. Elle ne l’a jamais vraiment été, en raison notamment de l’opposition constante des Américains, mais les temps sont en train de changer. En effet, si les DTS pouvaient permettre de financer la lutte contre les changements climatiques, d’autres objectifs pourraient leur être assigné… On pense, inévitablement, au financement des déficits publics.

Demain sera un autre jour.

60 réponses sur “L'actualité de la crise: un système qui marche totalement en crabe, par François Leclerc”

  1. Bonjour,

    excusez moi,mais je ne comprends pas du tout le but de ce fond vert dans la résolution de cette crise,l’économie verte est une économie comme une autre avec ses bulles et ses abus,l’important avant de se lancer dans ce projet est de réguler et de reformer le système financier,il n’y a pas d autres portes de sorties pour le moment.Réformer,taxer un maximum les banques et/ou les transactions financières,et fermer les paradis fiscaux.Quoi de mieux,sérieusement ? Il faut « juste » un accord de volonté mondial.

    Qui plus est,il n’est pas prouvé à ce jour que le réchauffement climatique soit l’oeuvre de l’homme,comment l’imaginer alors que cette année meme a été plus froide que les autres années ? le réchauffement s’inscrit dans une logique de continuité ! Nous ne savons toujours pas pourquoi il y eu des ères glaciaires au cours de l’histoire,nous ne savons pas non plus pourquoi le champs magnétique terrestre diminue.Peut etre la fin d’un cycle,tout simplement,dont nous ignorons l’origine.

    imaginez vous une seconde en l’an 2020,une économie entièrement verte,et le climat continue a se rechauffer : on aura l’air malin avec nos panneaux solaires !

    Une fois que le problème bancaire et déficitaire sera résolu ( je suis pessimiste a cet égard ) que j’appel les réformes primaires,la on pourra s’attaquer aux réformes secondaires,qui sont l’éthique et l’humanisme :Les besoins primaires devraient etre accessibles et gratuit pour tous,a condition d’etre régulés :L’immobilier,la nourriture,et l’energie n’ont pas a etre soumis a la spéculation,car ce sont des besoins vitaux,et puis on ne joue pas avec la nourriture…

    Quand tout ceci sera gratuit,il y aura enormément de chomeurs qui vivaient auparavant de la spéculation : le chomage ne sera pas un vrai probleme pour eux,puisque leur besoins vitaux seront gratuits.Les charges sociales considérablement réduites sur les fiches de paye,et le crédit uniquement déstiné au bien etre et a l’évolution positive du monde.

    1. @Horizon
      « Nous ne savons toujours pas pourquoi il y a eu des ères glaciaires »

      Désolé de vous contredire, mais le mécanisme des glaciations a été démontré par l’astronome Milutin Milankovitch il y a plus de soixante ans et sont admises par l’ensemble de la communauté scientifique. Les raisons sont d’ordre astronomique et géophysique: précessions des équinoxes et du perihélie, obliquité de l’axe de rotation de la Terre et variation de son orbite (voir l’abondante bibliographie et la pléthore de sites internet sur la question). Cela dit, il s’agit de cycle longs. La prochaine glaciation est prévue pour dans environ 15 000 ans. On peut remarquer qu’on parle « d’interglaciaire » pour les périodes chaudes, comme si la norme climatique terrestre était le froid. D’ailleurs, sans l’effet de serre la Terre serait recouverte d’une bonne couche de glace permanente et probablement invivable pour l’espèce humaine.
      Il existe aussi des cycles plus courts (moyenne de 11 ans), liés aux variations de l’activité solaire. Ainsi, l’hiver 2009-2010, un peu frisquet, est la conséquence de la fin du cycle solaire 23, particulièrement faible en terme de rayonnement. Cet hiver ne peut en aucun cas servir d’argument aux climato-sceptiques ou aux réchauffistes. Ce serait faire un amalgame vide de sens entre les cycles à court, moyen et long terme.
      Le soleil semble aussi connaître des cycles plus long, mais en calculer les moyennes est difficile en raison de l’absence de sources fiables sur des milliers d’années. Il est fort probable que le « petit âge glaciaire » entre les XIVe et XVIIIe siècles soit dû à une forte baisse de l’activité solaire (dite minimum de Maunder), mais il y a encore quelques incertitudes sur le sujet.
      Quant à l’évolution du climat dans les prochaines décennies, je pense qu’il est bien présomptueux de vouloir établir des modèles tant nos connaissances des dynamiques climatiques sont balbutiantes.

  2. C’est donc cela le coup d’accélérateur évoqué par Mr Jorion dans sa chronique météo de vendredi ?
    La création d’un « fonds vert » pour le développement durable…
    … de la masse monétaire, seule solution propre à satisfaire les besoins exponentiels de l’ogre Ponzi, ce monstre enfanté par la finance (elle-même fécondée par notre cupidité), et dont la mise sous tutelle serait ainsi opportunément officialisée.
    Parade géniale qui consiste à envisager la fermeture des robinets FED et BCE par l’ouverture des vannes FMI afin de garantir la continuité de l’approvisionnement liquide exigée par les banques pour le compte (non rémunéré) d’une humanité désormais asservie au remplissage du tonneau des Danaïdes.
    Néanmoins, Mr Leclerc, l’accueil favorable que vous semblez réserver à une telle éventualité m’incite à vous en demander les raisons qui demeurent obscures au profane que je demeure malgré la brillante pédagogie développée sur ce formidable blog.
    Au plaisir instructif de vous lire.

    1. L’apparition des DTS n’est pas chose fortuite. Quel qu’en soit son prétexte, il faut la situer dans le contexte de la crise monétaire actuelle et de la remise en cause du statut du dollar comme monnaie de réserve. Lorsque le sujet est venu en force sur la tapis, au printemps dernier, les DTS ont commencé à être évoqués, car ce panier de devise pourrait voir, dans un premier temps, sa composition modifiée et son rôle élargi. Nous y revenons, simplement, et la question est de savoir si c’est pour aller plus loin cette fois-ci.

      Tapez « DTS » dans la fenêtre rechercher de la colonne en haut à droite du blog et vous aurez accès à toute une littérature à ce sujet.

  3. Emploi : le plan Obama va coûter dans les 100 milliards de dollars, estime la Maison Blanche.

    Le coût des mesures d’incitation en faveur de l’emploi, annoncées par le président Barack Obama dans son discours sur l’état de l’Union, pourrait avoisiner les 100 milliards de dollars (72 milliards d’euros), a estimé dimanche la Maison Blanche.

    L’objectif du plan Obama est de récupérer une grande partie des emplois perdus lors de la déroute financière et bancaire de l’automne 2008 et de la crise économique qui s’en est suivie, la plus grave depuis des décennies, a expliqué Robert Gibbs, porte-parole de la Maison Blanche, dans une interview à la chaîne CNN.

    Le porte-parole n’a pas précisé la façon dont serait ventilée cette enveloppe entre les différentes mesures d’incitation.

    Boursorama

    Conclusion : l’Etat distribue des centaines de milliards de dollars aux Etats-Unis (aide aux banques, aide aux sociétés d’assurance, aide aux constructeurs automobiles, aide aux ménages achetant un logement pour la première fois, aide aux ménages achetant une voiture neuve, aide aux Petites et Moyennes Entreprises, etc.)

    Nous venons d’apprendre qu’Obama allait de nouveau injecter 100 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie.

    Je compare l’économie américaine à une vieille voiture qui ne marche plus.

    La vieille voiture de l’économie américaine doit être changée ? Le moteur est cassé ? L’essence est à ras bord dans le réservoir ? Le réservoir déborde ? L’essence tombe sur le sol ? Qu’importe ! Continuons à mettre de l’essence dans le réservoir !

    Et la voiture redémarrera !

    On dirait de la pensée magique.

    Au fait, ces centaines de milliards de dollars, qui les paiera ?

    Devinez !

    Les CONtribuables.

  4. Samedi 30 janvier 2010 :

    Des mesures en faveur de la Grèce, qui lutte pour rétablir ses finances publiques, ne sont « pas exclues », mais proviendraient d’institutions financières publiques et non des Etats membres, a indiqué samedi à Davos une source gouvernementale européenne.

    Excluant un sauvetage de grande envergure de la Grèce, dont le déficit public a explosé, cette source gouvernementale a précisé à l’AFP que des institutions comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque européenne d’investissement pourraient fournir cette aide.

    Dépêche AFP

    Les 26 autres Etats de l’Union Européenne sont eux-aussi très endettés : ils ne peuvent pas aider la Grèce. Donc, le FMI et la Banque Européenne d’investissement vont aider la Grèce à leur place.

    Et ça, ça fait bizarre !

    Le FMI qui vient sauver la Grèce !

  5. Bonjour,

    si je reprends la phrase suivante:
    « « Emprunter à court terme et prêter à long terme est une stratégie risquée par nature » » de François Leclerc, c’est à la fois ce que Paul Jorion constate dans son livre (« l’argent, mode d’emploi ») et c’est aussi ce que dénoncent les « créationnistes » (de monnaie) et aussi M.Allais.

    Que l’on fasse circuler trop de reconnaissances de dettes – ce que l’on appelle aussi, à tort ou à raison « monnaie scripturale » – par rapport au « Cash » déposé dans les banques (épargne à très très court terme s’il en est, à la durée de placement très très incertaine et volatile) est évidement très dangeraux. Si, en plus, ces reconnaissances de dettes servent à spéculer, ou à investir en dépit du bon sens, la catastrophe n’est pas loin.

    Cordialement, Bruno Lemaire.

  6. Rectifiez-moi si je me trompe, mais… :
    La création de cette « super-monnaie » « écolo »(verte couleur dhollar), ne viendra-t’elle pas en choc frontal de concurrence avec une monnaie ayant la même couleur..??

    Deuxième chose qui me turlupine : cela n’exarcèberait-il pas les vélléités d’un pays du soleil levant..??
    (j’ai failli parler de panier de monn.. crabes, mais je me suis retenu.. )

  7. Excellent ni trop long ni trop court et vous allez directement à l’essentiel.

    Après avoir remonté votre filet, la perle que j’y trouve et qui me saute aux yeux :

     » Il ne faut donc pas chercher plus loin les raisons de la campagne menée avec virulence à propos des déficits publics. Les banques cherchent ainsi à limiter l’inexorable montée des taux que la progression de la dette susciterait, dont elles feraient les frais. Dans l’immédiat, elles aboutissent à l’effet contraire. Il est donc impératif, pour elles, que les gouvernements présentent sans tarder la note à leurs administrés. « 

  8. La fuite en avant des DST, ne changera rien, bien sûr on va créer quelques milliers ou plus d’emplois verts sauver doucement le système pour quelques temps, après la bulle internet, la bulle immobilière, voici la bulle verte.
    Encore une fois, on s’invente des clients pourquoi pas ? On créait ex nihilo la monnaie pour alimenter les fournisseurs.

    Tout cela est bien joli, mais pour que cela marche, il faudrait y introduire un peu de raison au lieu de simplement de la spéculation.

    Il faudrait revoir la répartition des revenus, diminuer celle du capital au profit du travail.
    Revoir d’un modèle WStreet ou Wall Mart à un modèle Ford. Casser la spirale Ponzi de l’endettement.
    Redonner à la masse des moyens, atténuer le servage de ce siècle au profit d’une élite internationale.
    Reconstruire une classe moyenne et l’espoir pour ceux d’en bas d’en faire partie.
    Introduire une autre forme de consommation que le matérialisme dont la soif d’apprendre, la culture et le divertissement seraient partie prenante, une rémunération moindre pour les acteurs du divertissement : joueurs, acteurs connus au profits d’une multitude de spectacles et de rencontres au sein des communautés
    Réinventer la vie…

  9. Une monnaie verte ?
    Qu’elle soit verte rouge jaune ou bleue nous n’en verrons pas la couleur !
    Elle ne servira qu’à alimenter encore et encore les bulles, les bulles………….

    Tiens! Et si on se mettait à buller nous aussi ?

    Grève mondiale et générale !
    On arrète tout !

  10. Je reprends la question de Leroy: les DTS comment le FMI se finance pour les creer? Et cela se rembourse-t-il comme un emprunt?

    1. Je suppose que les pays membres abondent, et qu’il y a aussi un coefficient multiplicateur au sein du FMI et des réserves, la France est appelé pour 25 milliards en 2009, et ex nihilo ou presque on a des DST comme plus bas…
      On change juste d’étage là c’est purement entre états.

  11. @ F. Leclerc :
    Bonjour.
    Personnellement, j’aurais utilisé l’expression ‘le système part en vrille’ plutôt que ‘le système marche totalement en crabe’. Il reste donc des ‘latitudes’ de mobilité selon vous (lol). Et vous en présentez donc une (presque l’ultime, à vous lire) : le DTS.

    En cliquant sur ‘DTS’ dans les tags du titre, je suis tombé sur votre article d’août 2009, où vous évoquiez déjà cette question :
    http://www.pauljorion.com/blog/?p=4173#more-4173

    Vous en faisiez alors une description légèrement différente, à savoir que ce type de proposition, l’utilisation des DTS, vous semblait être une sorte non pas de sortie de secours mais bien plutôt une ‘montée en gamme’, le dernier étage avant de sauter du haut de la tour.
    Or, avec cet article, vous en faîtes une présentation autre :
    « Un projet hors norme se présente cependant, qui pourrait théoriquement offrir une porte de sortie, loin d’être aujourd’hui ne serait-ce qu’entrouverte. Dominique Strauss-Kahn vient en effet d’annoncer à Davos un projet très novateur, s’il est adopté. »

    Est-ce à dire que, selon vous, certaines choses ont bien changé, depuis août dernier ? Et lesquelles ?

    Je ne suis pas sûr de comprendre mais les DTS pourraient ainsi offrir une porte de sortie au système dans son ensemble en créant LA monnaie internationale tant recherchée, sans en avoir les défauts (panier de monnaies ‘réelles’), tout en en ayant les avantages (monnaie complètement ‘virtuelle’, non remboursable).
    En clair, pour DSK et le FMI, les DTS peuvent permettre d’éviter ce que veulent les banques : la perpétuation de l’argent gratuit, éviter le relèvement des taux (inévitable à court terme) et tenter de transférer la ‘note’ de l’endettement des états aux contribuables (plans de restriction des déficits), tout en évitant l’inflation, qui viendrait certes effacer les dettes (des états, des particuliers, des entreprises et même … des banques) mais aussi les avoirs des rentiers, notamment des rentes assises sur … des dettes (des états, des particuliers, des entreprises).

    Si inflation il y a, les DTS ne provoqueront pas d’effets inflationnistes autres qu’une dépréciation de la ‘dette’ des états sur les DTS (non remboursable de toute manière). L’inflation ne modifiera pas la répartition des monnaies entre elles dans le panier des monnaies des DTS.
    A l’inverse, les DTS agissent comme une ‘vraie’ monnaie de crédit pour les états, en évitant de creuser les déficits en multipliant les plans de relance (des déficits budgétaires) et en permettant d’injecter du crédit public pour les états qui l’utiliseront (s’ils le font vraiment) en direction de l’économie réelle (particuliers, entreprises) sous forme de crédits publics.

    En dernier recours, les DTS peuvent aussi être ‘étalonnés’ sur l’or, dont le FMI possède encore une bonne partie. Ce qui éviterait ainsi à UNE monnaie ‘nationale’ d’avoir à le faire, avec tous les inconvénients qui y seraient liés.

    Pensez-vous que ce type de raisonnement est ‘juste’ ? Et que les dits ‘pays’ concernés accepteront (notamment les USA mais aussi l’UE) que les DTS ne viennent se ‘substituer’ à ‘leurs’ politiques monétaires ? Ou que les banques centrales vont accepter de se faire ‘hara-kiri’ au ‘profit’ du FMI, organe complètement ‘dépendant’ des pouvoirs politiques des états, chose contre laquelle les différentes banques centrales ont toujours lutté et obtenu récemment des ‘garanties’ (BCE) ?
    En clair, d’après ce que je comprends (peu, apparemment), DSK proposerait le fameux ‘retour des états’ (nolens volens), qu’un article de Jean-Claude Werrebrouck évoquait récemment :
    http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2950

    Accessoirement, DSK joue son avenir politique sur cette affaire. Qu’il réussisse et son ‘retour’ en France pour une candidature au PS sera bien engagé (et sa campagne présidentielle aussi). Qu’il échoue et son retour ressemblera à celui de Napoléon après sa fuite de l’île d’Elbe …
    Mais en comparaison d’avec la situation actuelle, on s’en fout un peu.

    1. Je comprends peu comme vous, mais, si je ne m’abuse :
      L’or ne peut plus être un étalon car cela tuerait le rentier en cas d’effondrement monétaire (effondrement de valeur des papiers-promesses-banques imprimés sur format A4, j’en parle plus, c’est déjà fait.)
      (on peut même dire que l’or tue la monnaie… dans un cercle vertueux)

      Cela dit, je crois me souvenir que les réserves d’or des pays européens est largement supérieure à celle du FMI.
      Et aussi des US.
      L’Europe aurait alors un avantage concurrentiel qui « gènerait » quelques autres pays.

    2. La piste que propose le FMI permettrait de régler un problème de financement (et d’engager la réforme du système monétaire international par la même occasion). Elle ne réglerait en rien, faisant du FMI une sorte de banque centrale des banques centrales, les questions de base liées à la fragilité de l’édifice.

  12. Il est vrai que le gouverneur de la banque centrale chinoise en parlait déjà en début d’année 2009 :
    http://www.project-syndicate.org/commentary/eichengreen4/French

    « On ne peut pas y avoir recours pour intervenir sur le marché des changes ou dans d’autres transactions. » : c’est justement ce que souhaite apparemment éviter DSK.
    Et le FMI semble basculer sur les positions de la BCC, pour lui permettre de sortir du dilemne lié à ses réserves de change libellées en dollars : comment ‘sortir’ du dollar sans faire chuter le dollar ? La solution : ‘sortir par le haut’ avec la création d’une ‘monnaie’ fictive, les DTS.

    « Avant la crise ces idées auraient été rejetées sur le champ. Même maintenant, elles ne se matérialiseront pas du jour au lendemain. Mais telles sont les implications de la déclaration du gouverneur Zhou. » : le jeu de go, encore …

  13. Non. Et décidement, non.

    Et je prends deux exemples :
    – la création de la monnaie unique des Pays du Golfe « devait » se faire au 1er janvier dernier. Et comme avec dit DSK il y a un an et demi : le délai est trop court.
    – la création de la monnaie unique en Europe a pris un temps non négligeable pendant lequel il a fallu que les pays arrive à une certaine stabilisation entre monnaies.

    Imaginez maintenant une Chine qui s’est fait renvoyer dans ses 22 lorsqu’elle a demandé plus de droits de vote au FMI et se fait accuser de dumping monétaire.

    L’utilisation des DTS n’aura pas lieu, chacun jouant dans son coin.

    1. Oui, mais ma monnaie ‘unique’ du golfe … est une ‘vraie’ monnaie (avec des billets, et tout ça). Pour les DTS, rien de cela : total ‘virtual’. Si accord, techniquement très réalisable, avant l’été il me semble.

      LE problème, c’est justement … l’accord, comme vous dites si bien : la Chine s’est effectivement fait jeté il y a presque un an (proposition du gouverneur de la BCC). Mais rien ne dit que le contexte n’y pousse pas définitivement non plus, étant donné l’absence de solutions viables pour les états concernés. Maintenant. La Chine joue avec un temps d’avance, maintenant et hier.

      Concernant les réserves d’or (post plus haut), vous avez raison, le FMI est bien loin de l’ensemble des états détenteurs de réserves d’or mais reste la troisième réserve au monde :
      http://fonds-souverains.over-blog.com/article-32473932.html

      Les données doivent être relativisées car les véritables audits sur les réserves américaines sont absentes. De même, le FMI a vendu il y a quelques mois plusieurs centaines de tonnes d’or.
      Mais globalement, on est à peu près dans les mêmes schémas.

      La ‘marge’ d’action du FMI quant à l’or n’est donc pas si faible que cela. Qui plus est, comme le FMI et ses réserves sont ‘mutualisés’ entre se smembres, une action du FMI sur l’or est donc mutualisée pour ses membres …
      Je parlais de l’or et d’un éventuel étalonnage des DTS avec le métal précieux ‘au pire’, en cas d’absolu nécessité de devoir arrimer les DTS avec une véritable valeur (‘actifs’) possédée par le FMI. L’or étant LA valeur suprême, le FMI n’a donc pas à priori de problème d’actifs REELS si besoin d’étalonnage il y a (l’or peut très bien valoir 10 € ou … 500 000 €, selon ce que vaut la ou les monnaies mises en regards, selon la ou les demandes).
      C’est le seul actif universel connu et reconnu. D’où la ‘puissance’ du FMI, étant donné ses actifs en réserves d’or.

    2. Ce qui me paraît intéressant, c’est que se profile à l’horizon la solution de dernier recours du capitalisme: le FMI devenant l’équivalent d’une sorte de banque centrale mondiale placée sous les ordres des grands argentiers des principaux pays, et plus seulement des USA et de l’Europe. Il faudra auparavant obtenir l’accord des Etats-Unis, car les DTS seraient formés d’un panier de monnaies, réduisant ainsi la part du dollar. Ce n’est pas gagné. D’un autre côté, il est possible de voir dans l’initiative de DSK une tentative de jeter les premières bases d’un système monétaire vraiment mondialisé, et donc une ébauche d’un avant-projet de gouvernement global.

      En tout cas, cette proposition constitue une sorte de coup de pied de l’âne de DSK (et de son conseil d’administration?) à l’adresse des Etats-Unis. Elle va dans le sens de la suggestion chinoise du dernier G20. Deux choses me paraissent sûres: (1) DSK veut réduire la part des USA dans le capitalisme mondial, et (2) en même temps sauver le système. Mais il ne me semble pas exclu que DSK fasse miroiter aux yeux des Américains la possibilité de la convertibilité du yuan en échange de leur accord, quand bien même ils y seraient très réticents…

    3. @ Yacib :
      C’est aussi comme cela que je le perçois : le ‘dernier recours’. Puisque les états, individuellement sont incapables de décider qu’il faille décider collectivement, alors le FMI, organe unique mais portant la pluralité des états ‘associés’ du FMI (sorte de SA publique) peut s’y substituer. Ce faisant, cela ne fait qu’internaliser le processus de décision au sein du FMI et ne le résoud pas.
      Les DTS peuvent résoudre le problème de financement. Et même sans doute le problème de crédit public pour financer une reprise économique (à condition que ces DTS ne servent qu’à cela). Ils peuvent même fonder une nouveau système monétaire international, inspiré sur le précédent du SME (Système Monétaire Européen) et de l’ECU en Europe, qui aboutit à l’euro. DSK s’en souvient, il était alors ministre de l’industrie et du commerce extérieur (1991-1993) et prépara l’arrivée de l’euro jusqu’en 1999 en tant que ministre des finances.

      Néanmoins, comme le dit F. Leclerc, un ‘SMI’ s’appuyant sur des DTS, s’il résout une partie des problèmes à court terme (crédit, monnaies), ne peut que permettre … de donner du temps pour s’attaquer au fond des problèmes, à savoir la construction de la nécessaire régulation politique de la finance, au travers ‘des paris sur les prix’ (selon P. Jorion). Ce serait déjà pas mal, pour un asphyxié, de pouvoir respirer à nouveau.
      Mais le quasi noyé, une fois ‘sauvé des eaux’ tel un boudu moyen, ne sera-t-il pas tenté de reprendre ses mauvais habitus de capitaliste féroce, hanté par le gain et le gain ‘à maxima’, celui qui risque de faire couler le miraculé avec la bouée, car c’est bien là la raison de vivre de ce drogué : peut-on le sauver de lui même ?

    4. Jaycib, c’est en effet tout à fait le but de la manoeuvre : éviter une guerre monétaire tout en créant une nouvelle dette.

      Ceci dit, je ne vois pas vraiment :
      1) des US prêts à assumer le poids de leur dette… Et perdre le poids que leur donne leur monnaie de réserve mondiale.
      2) des Chinois abandonnant leur politique monétaire au bénéfice d’un intérêt même commun.
      (pour des « communistes », c’est un comble, non..??? 😉 )

  14. Hé ben ! au moins la crise n’est pas perdue pour tout le monde …
    Le FMI en sauveur de l’humanité, et surtout, décideur de l’attribution des crédits ! C’est le pouvoir ultime. C’est sûr que ça va en faire baver plus d’un.

  15. on dirait que dans le déni de la destructuration socioéconomicopolitique tout se joue dans un poker où la mise toujours plus pyramidale s’effectue alors que pas de jeu dans les mains. plus on injecte de liquidité, plus on troue sa poche, plus on dissuade l’autre d’abattre ses cartes, plus on serait à même de remporter la cagnotte, plus longue sera la nuit…

  16. Il y a des jours et j’ai l’impression de commencer à comprendre quelque chose et d’autres où je m’aperçois que je n’ai toujours rien compris :

    Je comprends bien l’intérêt d’un état de souhaiter voir sa dette exprimée dans un panier de devises plutôt que dans une monnaie unique. Mais en quoi l’endettement des états en DTS empêcherait-il une hausse générale des taux sur les marchés ?
    Parce que les DTS ne sont pas côtés ?
    La défaillance d’un état vis à vis du FMI n’a pas d’importance pour le lobby bancaire ?

    1. Les DTS fonctionnent actuellement ainsi :

      Le FMI peut (avec l’accord de ses membres, dont les Etats-Unis qui ont actuellement une minorité de blocage), allouer des DTS à ses membres, au pro-rata de leurs quote-part.

      Ces DTS ne sont pas rémunérés et peuvent être échangés, entre Etats, contre des devises.

      Concrètement, même si les DTS ne sont pas considérés comme une monnaie, le FMI est en mesure d’en créer et d’en distribuer aux Etats, sans contre partie.

  17. pour vivre heureux vivons cachés par la BCE:

    2.2. Il conviendrait de mettre en place un cadre juridique clair, de façon à faciliter le bon déroulement et la
    rapidité des opérations de prêt des banques centrales, y compris dans les situations de crise, comme l’a
    mis en évidence la récente crise financière. À cet égard, il y a lieu de maintenir la confidentialité des
    informations portant sur les prêts ou les autres facilités de liquidité accordés par une banque centrale à
    un établissement de crédit particulier, y compris l’aide d’urgence en cas de crise de liquidité, afin de
    contribuer à la stabilité du système financier dans son ensemble et de préserver la confiance du public
    en période de crise. L’exception susmentionnée, visée à l’article 8, paragraphe 2, point a), de la directive
    2003/71/CE pourrait théoriquement servir de fondement juridique au maintien de la confidentialité de
    certaines informations sur les opérations des banques centrales, y compris l’aide d’urgence en cas de
    crise de liquidité. Toutefois, il convient qu’une exception à l’obligation de divulgation d’information soit
    explicite dans tous les actes législatifs pertinents de l’UE. En outre, le bon fonctionnement du système
    financier impose une exception claire, étant donné qu’une évaluation de la nécessité de divulguer
    l’information au cas par cas est susceptible de mener à une impasse lorsqu’une réaction rapide s’impose.
    Pour ces raisons, des propositions de modification de la directive 2003/71/CE et de la directive
    2004/109/CE figurent à l’annexe et les modifications correspondantes doivent être introduites dans
    tous les actes législatifs pertinents de l’UE prévoyant des obligations de divulgation d’information.

    Ha oui quand même….

    2.3. La BCE est disposée à continuer de coopérer avec la Commission sur cette question.

    Disposée à coopérer avec la commission heu ? c’est une blague? je laisse tout le monde faire ces conclusions… vive la démocratie économique …. vive l’Europe…

    le tout étant ici : http://www.ecb.int/ecb/legal/pdf/c_01920100126fr00010004.pdf

  18. 1- Les banques privées.

    Pour sauver les banques privées de la faillite, les banques centrales leur fournissent des centaines de milliards d’euros (ou de dollars, ou de livres, …) à un taux d’intérêt presque nul. Les banques centrales prennent les actifs pourris des banques privées dans leur bilan.

    2- Les Etats.

    De même, pour sauver les Etats de la faillite (aujourd’hui, la Grèce ; demain, le Portugal ; après-demain, l’Espagne, etc.) les banques centrales achètent les bons du Trésor et les obligations de ces Etats. Les banques centrales prennent les obligations pourries de ces Etats dans leur bilan. Ce sont des obligations pourries car tous ces Etats vont se retrouver en défaut de paiement, et les banques centrales le savent.

    3- Dans les bilans des banques centrales, nous trouvons donc des centaines de milliards d’euros (ou de dollars, ou de livres, …) sous forme de :
    – actifs pourris ;
    – obligations pourries.

    4- Les banques centrales sont devenues de gigantesques structures de cantonnement, d’énormes « bad banks ». Bref, les banques centrales sont devenues des fosses à merde.

    Conclusion : pour faire le ménage, les dirigeants politiques courageux devraient ordonner un audit complet de la Banque Centrale Européenne, un audit complet de la Fed, un audit complet de la Bank of England, etc. Bien entendu, les banquiers centraux font des pieds et des mains pour refuser cet audit complet. Les banquiers centraux veulent garder le secret sur leurs agissements.

    Je dis bien qu’il faudrait des dirigeants politiques « courageux ». Cela implique que les dirigeants politiques prennent le parti du peuple, et non plus le parti des banques centrales et des banquiers.

    On va voir ce que les dirigeants politiques vont choisir.

    1. « Je dis bien qu’il faudrait des dirigeants politiques « courageux ».

      Vous voulez dire pas du tout achetés et vendus.

  19. Je crois qu’on le sait déjà puisqu’ils ont abandonné le droit de battre monnaie au profit des banques privées, puisque les Etats au lieu d’être au dessus se contentent d’être une Sarl comme une autre sauf qu’ici l’actionnaire c’est le contribuable et que contrairement à la Sarl en plus, il peut être majoritaire mais il n’a aucun droit de vote.

    Les Pères Fondateurs des Etats-Unis, ayant tous ces faits en mémoire, et pour se protéger de l’exploitation des banquiers internationaux, prirent bien soin de stipuler clairement dans la Constitution américaine, signée à Philadelphie en 1787, dans l’article 1, section 8, paragraphe 5: «C’est au Congrès qu’appartiendra le droit de frapper l’argent et d’en régler la valeur.»

    «Nous disons dans notre programme que nous croyons que le droit de frapper et d’émettre la monnaie est une fonction du gouvernement. Nous le croyons. Et ceux qui y sont opposés nous disent que l’émission de papier-monnaie est une fonction de la banque, et que le gouvernement doit se retirer des affaires de la banque. Eh bien! moi je leur dis que l’émission de l’argent est une fonction du gouvernement, et que les banques doivent se retirer des affaires du gouvernement… Lorsque nous aurons rétabli la monnaie de la Constitution, toutes les autres réformes nécessaires seront possibles, mais avant que cela ne soit fait, aucune autre réforme ne peut être accomplie.»
    William Jennings Bryan: «Les banques doivent se retirer»

  20. Aujourd’hui malheureusement les Etats ne servent qu’à une chose : contenir le peuple et rémunérer les tas de potiches qui sont sensés servir le bien commun.

    1. @liervol, et à tous.

      Bonjour

      On vient d’attirer mon attention sur l’information suivante, que certains d’entre vous n’ont peut être pas vu :

      Natixis écrit ce qui suit (ref: http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=51467 ) :

      « Quand on regarde la situation pays par pays, on voit (graphiques 2a à 2k et
      graphiques 3a/3b/3c) que les achats de titres publics par les banques
      correspondent à peu près au déficit public en 2009, ou même le dépassent en
      Allemagne, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique, en Finlande ; qu’ils
      sont insuffisants pour couvrir le déficit en France, en Grèce, en Irlande, ce qui
      explique sans doute l’ouverture de spreads de taux vis-à-vis de l’Allemagne
      dans ces deux derniers pays. Mais on voit que dans la très grande majorité des
      pays de la Zone euro, les déficits publics sont financés par les banques. »

      et précise  » A court terme, ce choix des banques est dicté par l’abondance des
      ressources liquides peu chères et par la faiblesse de la demande de crédit.  »

      Donc, d’après mon correspondant – commentaire auquel je m’associe – on a là une nouvelle confirmation que les Banques commerciales empruntent à la BCE des liquidités entre 0,5 et 1%, avec lesquelles elles achètent des obligations d’Etat qui leur rapportent environ 3,5 % .
      C’est bien un transfert (qui se voudrait discret) d’une partie des recettes de l’Etat, issu de nos impôts, vers les banques.

      Banques commerciales et banque centrale, même combat: Qui sont les pigeons(ou les dindons) de cette farce tragique?

      Cordialement, Bruno.

    2. @ Bruno Lemaire :
      LE deal (du moins ce n’est qu’une hypothèse ‘improbable’ car hautement rigolote) : l’argent gratuit des banques centrales pour les banques contre l’achat d’obligations des états. Sinon, fin de l’argent gratuit.
      Je me demande si les (pseudos) rumeurs sur le relèvement des taux ne serait pas un (pseudo) moyen de pression sur les dites banques sur la quotité, insuffisante, d’achat d’obligations par ces mêmes banques.

      Par contre, il me semble qu’une (petite) partie seulement de l’argent gratuit n’est utilisé que pour l’achat d’obligation : une autre partie, plus importante, est utilisée à d’autres fins spéculatives, en particulier le carry trade de dollars ou l’investissement financier, autrement plus rentable (plus de 10%). A mon sens, si utilisation ‘frauduleuse’ de l’argent gratuit il y a (argent que les états et donc les contribuables financent, au travers des banques centrales), elle réside bien là : détournement massif du crédit gratuit vers des placements juteux en lieu et place d’investissement productif et d’achat d’obligation. C’est autrement plus rentable pour les banques !!

      Malheureusement pour nous, les états qui ont fait ce deal sont maintenant piégés, du fait que les ‘rumeurs’ de hausse des taux … ne peuvent être que des rumeurs, puisque l’augmentation des taux d’intérêts piègera encore plus les états qui ont émis massivement des obligations à moyen et long terme : en augmentant les taux, les états vont se tirer une balle dans l’aine.
      Et se vider lentement pour arriver exangues dans quelques années, étranglés par le service de la dette, qu’ils ont contribué à créer … pour sauver les dites banques de la merde où elles les ont foutu. Pendant que les banques s’en seront mis plein les fouilles, à taux zéro ou quasi, pour investir juteusement là où cela leur semble nécessaire. Et pas là où les états leur ont demandé de le faire.

      Evidemment, quand on libère un porc qui s’est baffré goulument et qui a fini par vomir sur la nappe, en lui disant « Maintenant, tu te tiens droit et tu dis merci », si on ne lui a pas passé le collet autour du cou ou coupé les parties pour lui apprendre à respecter les autres, faut pas s’étonner s’il continue à se baffrer de plus belle et à chier dans les assiettes !!

    3. J’allais faire une remarque idiote en vous conseillant de replacer le porc (que j’aime bien, surtout en abats) par le charognard, mais le charognard est utile aussi.

      Peut-être que le pire animal est finalement l’humain, non?

    4. Je tiens à présenter mes excuses aux porcs du monde entier : je n’ai aucune haine envers vous.
      Vous ne méritez pas le châtiment d’avoir été comparé aux humains.
      (quoique, quand même, les porcs c’est ‘achement sale, aussi …).

  21. 1e message inacheveé-désolé erreur de manipulation, à effacer donc

    Les crabes tambours et le crabe vert

    Les crabes tambours et le crabe vert

    Les propos de Donald Kohn, vice-président de la FED, porte-voix de fait, contrastent avec l’analyse de T.Hoenig à l’intérieur de cette ‘banque des banques’, et ont été suivis dimanche par la publication d’un rapport dimanche de Neil Barofsky,auditeur indépendant du TARP, qui soulignait que la politique du Gouvernement, et dans ce cas de la FED, de réactiver le marché immobilier via l’achat par la FED de 1,25 trillion de $ de MBS et autres titres de créances hypothécaires, avait de grandes chances d’aboutir à la reformation de la bulle immobilière. Par aiileurs, en plus du ‘guichet’ ouvert depuis Septembre 2008, il faut tenir en compte qu’au deuxième trimestre 2009, la Fed a acheté 48% des Treasury Bonds par l’intermédiaire des ‘primary dealers’, donc les grandes banques ont grandement bénéficié, en dehors des Fonds du TARP, des largesses gouvernementales, avec un effet multiplicateur sur l’économie réelle casi-nul.Pour qui travaille ce système ? Les six plus grandes banques américaines, dont les actifs représentent 60% du GDP, américain, sont-elles déjà insolvables ?

    Il faut penser ici aux propos du sénateur M.Kaptor lors de l’audition de Geithner devant le Sénat la semaine dernière:
    « Beaucoup de gens pensent que le président de la FED New-York travaille pour le gouvernement.Mais en réalité vous travaillez pour les banques privées qui vous ont désigné. »…

    2) Quant à la « sonde verte » du président du FMI ( une institution plus connue jusqu’ici pour la verdeur de ses scalpels-demander aux Haitiens ou aux Ukrainiens ) qui reprend ou adapte une idée lancée par Mr Van Rompuy il y a quelques semaines elle ne peut que renforcer l’opinion que le système part en vrille, une sorte de ‘Mc Guffin’, une telle politique, hors DTS, ne figurant pas expressément dans la mission de cette institution, mais plutot dans celles de la Banque Mondiale, ou plus justement valider l’hypothèse de l’ouverture d’une boite de Pandore comme le souligne Francois Leclerc Quant à la question de la régulation, pour laquelle le FMI, à tort ou à raison, a été missioné par le G20, et à l’insertion ou la représentation d’une émanation du G20 au sein du FMI, aucune avancée plusieurs mois après le dernier sommet du G20, hormis les incantations répétées de son président sur la dette des Etats…

  22. Mardi 2 février 2010 :

    Allemagne : de nombreuses communes au bord de la ruine.

    Les communes allemandes ont une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme sur leur situation financière désespérée mardi, et prévenu qu’un certain nombre d’entre elles étaient « au bord de la ruine ».

    La fédération allemande des communes table sur un déficit cumulé de 12 milliards d’euros cette année, le plus élevé de l’après-guerre.

    La crise économique et financière a sérieusement amputé leurs revenus, dont la taxe professionnelle, proportionnelle aux bénéfices des entreprises, représente le plus gros. Les recettes fiscales de la taxe professionnelle ont chuté de plus de 18 % sur un an en 2009.

    En parallèle les dépenses des communes, auxquelles incombe notamment une partie de l’indemnisation des chômeurs, ont augmenté.

    Et cette tendance devrait nettement s’aggraver cette année alors que le marché du travail allemand, pour le moment relativement épargné par la crise, va se dégrader.

    « Nous allons devoir faire face à la deuxième vague de la crise », a prévenu Petra Roth, présidente de la fédération et maire de la capitale financière du pays, Francfort (ouest), lors d’une conférence de presse.

    Romandie

    Message transmis aux naïfs qui croient encore que l’Allemagne va payer pour sauver la Grèce.

    Message transmis aux naïfs qui ne comprennent toujours pas pourquoi les dirigeants politiques allemands ne veulent pas payer pour sauver la Grèce.

    1. Un point de vue britannique-autre message aux naifs: « Pour règler la crise grecque, affronter les déséquilibres de l’Europe »

      « ..In order to overcome the eurozone’s crisis, it will be as necessary to raise demand in Germany and other surplus countries as to hold down wages and root out corruption in Greece.This will be no easy task, for just as the mentality of German business is geared to the ruthless pursuit of international competitive advantage, so the mentality of German society is in many respects doggedly attached to the goal of amassing domestic savings. Yet in the long run it would be in Germany’s best interests to reduce the eurozone’s imbalances. The alternative – emergency financial support for Greece, arranged through gritted teeth and against the wishes of a disgruntled German public opinion – would surely be worse. »

      http://blogs.ft.com/brusselsblog/2010/02/to-fix-the-greek-crisis-deal-with-the-eurozones-imbalances/

  23. 1- Les dirigeants des deux pays les plus riches de l’Union Européenne (l’Allemagne et la France) ont dit, ont redit, et ont répété qu’ils ne paieront pas pour sauver la Grèce.

    2- Quant à un prêt de la Banque Centrale Européenne à la Grèce, c’est rigoureusement interdit par l’article 123 du traité de Lisbonne :

    “Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ciaprès dénommées «banques centrales nationales», d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. ”

    Terminé.

    C’est plié.

    Le FMI et la BEI paieront pour sauver la Grèce.

    Dépêche AFP

    1. 1. On te fout sous perfusion de fonds structurels européens, pendant des années.
      2. On te laisse ‘gérer’ tranquillement, à ta manière (car nous sommes respectueux des ‘identités européennes spécifiques’, qui constituent l’Union Européenne), avec moults déficits budgétaires dont on ne pipera pas mots, pendant des années.
      3. La bise venue, et fort glaciale avec ça, on te fait comprendre, IMMEDIATEMENT :
      3a – que les fonds structurels sont bouffés par les nouveaux pays de l’est, dont on a (eu) besoin pour faire tourner la machine à ‘avantages comparatifs’ au sein de l’Union ;
      3b – qu’en conséquence, t’auras pas un flesh de plus quant aux fonds structurels, qui n’ont de structurels que l’absence de profondeur ;
      3c – t’as signé pour le traité de Lisbonne, donc fais pas l’étonné, le déficit, c’est comme Capri, c’est fini : la cortisone, on arrête demain ;
      3d – et en plus, si ton peuple d’abrutis a la mauvaise idée d’aller se rebeller pour aller hercher deux-trois pommes qu’on garde en réserve, on te chargeras d’aller mater tout ça ‘pronto subito’, à fortiori si t’es un gouvernement de gauche car les gouvernements de gauche, on les suspecte d’être des tires aux flancs, ces lopettes ;
      3e – enfin, si par malheur, tu refuses de prendre la pilule verte, sois bien sûr d’une chose : dehors il fait froid, vraiment, et que quand tu seras sorti de l’euro, tu prendras direct l’aller vers la sortie de l’Union, sans retour, façon Besson-express, tu m’en diras des nouvelles (on t’as d’ailleurs concocté tout ça très bien, très juridique). Et une fois dehors, je ne te connais plus hein, viens pas me faire la honte à faire ta gueuse en trainant devant la vitrine …

      Et comme il est bon que les bonnes choses s’accumulent, selon le bon principe cardinal de l’accumulation, ton exemple fera réfléchir à deux fois les états et les peuples qui souhaiteraient s’engager sur ton chemin.

      Et cela, vois-tu, petite Grèce, je ne sais pas si c’est cela qui est le meilleur ou pas.
      J’irais même jusqu’à t’embrasser, tellement l’émotion me monte au portefeuille …

    2. Ceci dit, une petite remarque, tellement c’est drôle :
      « c’est rigoureusement interdit par l’article 123 du traité de Lisbonne ».

      Certes.

      Mais alors, un paquet, mais un bon paquet, hein, de choses RIGOUREUSEMENT INTERDITES … ont pu se faire sans mal aucun, quand c’eut été, Ö désespoir !, le draaaameeuuuuuuhhhh des banques en faillite, ma pov’ dame, je vous dis pas le reste.

      Et là, voyez vous, nul ne s’est préoccupé de savoir si, foutre ou non, le dit traité de Lisbonne (ce qui n’est pas une insulte mais pourrait le devenir pour certains peuples) interdisait RIGOUREUSEMENT quoique ce soit en rapport avec un financement des banques faillies, car faillies jusqu’au trognon elles furent.

      Amen.

      Epilogue : on n’est jamais sûr de rien … (c’est un oxymore).

  24. Que faut-il choisir ?

    La pauvreté en restant dans l’Union Européenne ?

    Ou alors la pauvreté en sortant de l’Union Européenne ?

    A titre personnel, je préfèrerais être pauvre en sortant de l’Union Européenne.

    1. Seul l’esprit de Pauvreté tout court et non l’esprit de Richesse pourrait vraiment nous permettre de changer de monde, de valeurs, d’état d’esprit, voir même de passer plus rapidement et sans tarder par le chas d’une aiguille que pour un riche, c’est pourquoi lorsque la prochaine grosse bulle éclatera les premiers deviendront bientôt les derniers et les derniers les premiers dans d’autres valeurs de vie et non de mort.

  25. @ BA : j’en sais rien.
    J’aime pas la pauvreté. Que ce soit dans ou hors de l’UE.
    Ce qui n’a RIGOUREUSEMENT rien à voir avec les pauvres (j’ai réussi à replacer RIGO….).
    Ensuite, tout dépend de la définition et de la réalité vécue de la pauvreté et de la richesse que l’on donne.
    A l’ouest, la réalité vécue est extrême, en termes d’écarts. A l’est, la définition est extrêmement relative, selon les concepts philosophiques, religieux, sociaux, moraux, etc.
    Entre les deux, ‘au milieu’, il y a l’UE.
    Il me semble, il me semble, qu’un ‘juste’ milieu n’est pas forcément le point équidistant entre les deux points les plus extrêmes.
    Il est ailleurs.
    L’UE, c’est l’innovation (du moins, ce devait l’être).
    On devrait reprendre ce chemin …

  26. zébu écrit : « L’UE, c’est l’innovation. »

    J’éclate de rire !

    « L’UE, c’est l’innovation. »

    Mais non ! L’UE, c’est la tradition !

    L’UE, c’est la confiscation des richesses au profit des plus riches, et grâce à l’appauvrissement de tous les autres (qui deviennent de plus en plus pauvres).

    L’UE, c’est l’outil créé par les notables afin de leur permettre de conserver tous les pouvoirs.

    L’UE, c’est le monde tel que nous l’avons toujours connu (quelques exceptions : la Révolution française notamment).

    L’UE, c’est l’instrument de domination des élites médiatiques, économiques, patronales, qui leur permet de continuer à dominer.

    Enfin, l’UE, c’est la tentative séculaire d’unifier le continent européen (tentative qui s’est toujours terminée par l’effondrement depuis 2000 ans).

    L’UE, c’est chiant : on connaît le film, on l’a déjà vu 15 fois, et on connaît la fin du film : l’effondrement.

    1. pour un européen, je pense quand même qu’il est préférable de vivre maintenant, en 2010, qu’en 1941 en Europe Occidentale, ou en 1950 en Europe de l’Est.

      B.L.

  27. Bruno Lemaire écrit : « pour un européen, je pense quand même qu’il est préférable de vivre maintenant, en 2010, qu’en 1941 en Europe Occidentale, ou en 1950 en Europe de l’Est. »

    C’est-à-dire sous le nazisme, et sous le stalinisme.

    Pour un européen, je pense quand même qu’il est préférable de vivre maintenant, en 2010, qu’au Moyen Age lors de l’épidémie de la Grande Peste.

    Et je pense quand même qu’un quart d’heure avant sa mort, il était encore en vie.

    1. Mais il est vrai que la situation actuelle nous amène au bord du gouffre.
      La question subliminale étant: est-ce que la catastrophe peut être évitée grâce à un accrod entre les nations, un « gouvernement européen », ou tout autrement?
      Est-ce l’UE qui nous amène à la catastrophe (à propos, j’ai voté non en 2005, mais je n’ai pas forcément eu raison) ou est-ce autre chose, nos « élites », nos « lobbies » de toute sorte, nos « revenus non gagnés »?

      Sont-ce nos politiques les puissants, ou sont-ce d’autres « élites » ou « éminences grises ».

      Cordialement, B.L.

  28. @Jérémie, BA et Zébu.

    Le système économique, chacun pourrait en convenir, est « bon » lorsqu’il atteint sa fin, lorsqu’il est assez bien ordonné
    pour que la nourriture entre dans l’estomac qui a faim; pour que les vêtements couvrent les épaules qui ont froid; pour que les chaussures viennent sur les pieds qui sont nus; pour qu’un bon feu réchauffe la maison en hiver; pour que les malades reçoivent la visite du médecin; pour que maîtres et élèves se rencontrent.
    Voilà le domaine de l’économique. Domaine bien temporel.

    Le système économique a donc une fin bien à lui dans ce domaine: satisfaire les besoins des hommes. Que l’homme puisse manger lorsqu’il a faim, s’abriter dans un logis convenable…

    Les moyens actuels que met l’U.E. à la disposition de ses membres correspondent-ils à cette fin: il est permis d’en douter.

    Pourrait-on faire autrement, et comment: à chacun de voir, et d’étudier à la lumière de la fin rappelée précédemment les diverses propositions qui ont été mises en avant, sur ce blog ou ailleurs.

    Il ne devrait nulle part être question d’argent, mais de ressources matérielles et humaines, de production, de consommation,d’ investissement, de développement « soutenable » et d’externalités positives.

    Cordialement, B.L.

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